CGT des Territoriaux du Pays de Saint-Malo

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Les choix perdants

14/06/2024

Les choix perdants

(Débat) - Monsieur Macron sait-il ce qu’il fait ? Si non, c’est grave. Si oui, c’est grave. Ramener un scrutin européen à une dimension franco-française et, sur la base d’une dynamique inédite acquise par le Rassemblement national, donner à ce dernier les plus sérieuses chances d’occuper une place incontournable, sinon majoritaire, à l’Assemblée nationale, ce n’est pas jouer avec le feu.
C’est, d’ores et déjà, composer avec les forces néo-fascistes.

La question serait de savoir pourquoi. Un peu partout en Europe et ailleurs, des forces réactionnaires, populistes, d’extrême-droite ont pris le pouvoir et gouvernent sans que cela semble gêner le moins du monde les places boursières et les grandes entreprises qui y sont cotées.
En bon défenseur du libéralisme, compagnon de ceux qui pensent pouvoir tout administrer (un pays, un peuple, sa misère, son déclin et pourquoi pas la fin d’un monde), Emmanuel Macron s’est peut-être dit qu’il valait mieux laisser les clefs du pouvoir aux Le Pen et autres Bardella, dont on peut être sûr, au moins, de la fidélité aux valeurs du capitalisme. Les alliances utiles en découleront naturellement.
Les partisans d’une France bunkérisée dans une Europe-forteresse, qui chaufferont les bancs du Palais Bourbon sans trop froisser leurs complets sur ceux du bâtiment Louise-Weiss à Strasbourg, vont-ils raser gratis et peindre nos vies en rose ? L’ont-ils fait dans les villes qu’ils gèrent ? L’ont-ils fait dans les pays dont ils ont pris le contrôle ?
Et les autres, qu’ont-il fait pour nous ? Pour faire disparaître la misère ? Pour stimuler nos intelligences ? Pour protéger les différences ? Pour donner du sens à une vie de travail, dans un monde saturé d’anxiolytiques, de particules fines et de poisons phytosanitaires ?
On dit que des digues ont cédé, que la parole raciste et xénophobe s’est libérée, que la pensée d’extrême-droite est désormais parfaitement décomplexée. 
C’est vrai.
Mais les digues ont sauté pour tout le reste aussi ! La cupidité, l’appât du gain, le cynisme, le mépris pour plus faible que soi, la bêtise assumée…
Alors, on votera. Ce n’est pas nous qui jugerons les choix même si nos valeurs profondes sont radicalement incompatibles avec celles du Rassemblement national, qui le sait et ne se prive pas de désigner la CGT comme l’organisation syndicale à abattre.
Sans forcément approuver les choix faits dans les isoloirs, nous comprenons la colère et la défiance.
Une certitude cependant : nous n’avons rien à attendre des forces politiques, néo-fascistes ou pas, qui ne font rien contre la machine à fabriquer des perdants. Car, là où il n’y a plus grand-chose à perdre, on sera toujours tenté d’aller voir du côté de ceux qui n’ont pas encore tout perdu.
Il y a tant à faire, pourtant : les milliers de milliards dépensés pour les guerres et le maintien d’un style de vie basé sur la surconsommation et le gâchis, sont autant de perdus pour vaincre les maladies, assurer les besoins fondamentaux de l’humanité tout en réparant les dégâts causés à la nature.
La vraie lutte, les vrais enjeux sont là et pas ailleurs. Ils réclament une force organisée qui, peut-être, un jour, devra enjamber les ruines d’un système politique et économique qui a fait son temps.
Et cette force reste à construire. Qu’on ait cela en tête, le 30 juin et au-delà.

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